La (dure) réalité du métier!

Alors ce chantier je m’en rappellerai longtemps! En général sur les réseaux on parle de ce qui va bien et on évite de montrer les difficultés, échecs et déboires de notre profession. Je pense que c’est bien de temps en temps de partager la réalité du métier! En effet quand on est paysan, viticulteur ou chef d'entreprise tout ne roule pas toujours comme sur des roulettes! Ce chantier palissage est une bonne illustration des contrariétés qui viennent nous titiller tout au long de la saison.

Ça a d’abord commencé avec le fournisseur de poteaux qui deux semaines avant la livraison, prévue en novembre, a annulé ma commande sans raisons apparentes excepté qu’il était débordé! Il ne me restait plus qu’à chercher un autre fournisseur de poteaux en urgence sachant qu’en ce moment la demande sur le bois est plus que tendue! Finalement je trouve une entreprise française très réactive qui peut me livrer en janvier des poteaux acacia commandés fin novembre, inespéré! Je bloque un weekend pour planter les poteaux qui aura lieu le 18 février! La mini-pelle, l’enfonce-pieux hydraulique et la tarière thermique sont réservées en avance à une entreprise alréenne dont je tairai le nom.

Le vendredi 17 février au matin, alors que je commence à étaler les poteaux et faire les prés-trous à la tarière, cette entreprise m’appelle pour me dire que leur enfonce-pieux ne fonctionne pas et qu’ils vont devoir annuler ma commande! Décidément ça continue. Je leur explique un peu “énervé” que j’ai 4 collègues qui ont réservé leur week end depuis plus d’un mois dont le chauffeur de mini-pelle et que je ne peux pas annuler un chantier au dernier moment. Finalement après de nombreux appels ils me débusquent un enfonce-pieux à Redon! C’est parti pour deux heures et demie aller-retour le vendredi après-midi, ce qui perturbe légèrement ma journée! Le principal c’est que vendredi soir j’ai une mini-pelle et un enfonce-pieux hydraulique sur la parcelle prêts à attaquer le lendemain.

Samedi matin, 9H00, on enfonce les premiers poteaux. Tout va bien quand nous apercevons une petite fuite sur un raccord qui décide de nous lâcher 20 minutes plus tard. Nous avons enfoncé 30 poteaux, il en reste 1800! Évidemment le samedi tout est fermé, pas le choix que d’appeler une boîte de dépannage en hydraulique qui arrivera sur site 3H00 plus tard et nous réparera le raccord et un flexible qui était en train de rendre l’âme pour 13H30 avec une belle douloureuse en cadeau. Nous réattaquons directement mais à 15H00 un nouveau flexible lâche. Le sort s’acharne et surtout ce matériel loué est vraiment défectueux! Je suis sur le point de rendre mon tablier, dépité, mais “coup de chance”, notre dépanneur vient de faire des appels de phare du pont de Kerplouz à mon chauffeur de mini-pelle il y a 5 minutes. Il n’est donc pas loin. Je le rappelle et une demi-heure plus tard l’enfonce-pieux est de nouveau réparé! Nous poursuivons le chantier jusqu’à que la nuit nous rattrape.

Dimanche matin à 8H00, le doux bruit de l’enfonce-pieux sur les poteaux reprend, le moteur de la tarière thermique gronde! La matinée se passe bien, les poteaux s’enchaînent les uns après les autres à 120 poteaux heure grâce à mon équipe de choc et mon Sébastien Loeb de la mini-pelle! Malheureusement cette euphorie laborieuse sera de courte durée car à midi deux boulons du châssis qui tiennent l’axe de l’enfonce-pieux cassent! Cette fois-ci, c'est un collègue, futur vigneron breton, qui nous a aperçu du pont de Kerplouz nous affairer autour de la mini-pelle. Il débarque pour nous prêter main-forte. Après un aller-retour chez lui où il nous dégote les bons boulons et écrous, une heure plus tard nous rallumons pour la énième fois la mini-pelle. Nous arrêterons le chantier à 17H épuisés par tous ces ascenseurs émotionnels!

Résultat des courses 1200 poteaux plantés en un weekend malgré 5 heures de panne! Finalement un beau score compte tenu de tous les obstacles que nous avons essuyés!

Morale de cette histoire : ne jamais baisser les bras et être entouré d’une superbe équipe de motivés! Deuxième morale, éviter au maximum d’être dépendant de matériel qui ne vous appartient pas et que vous ne savez pas réparer! Vive le pont de Kerplouz et la visibilité de la parcelle qui nous ont bien aidé!